Un grain de sable nommé Aucaigne

publié le jeudi 13 novembre 2014


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L’EMMERDEUR Intitulée "Le contrat" et créée en 1971, la pièce de Francis Veber fut adaptée pour le cinéma deux ans plus tard : Veber signe le scénario de "L’emmerdeur", Edouard Molinaro la réalisation. Veber remonte avec succès la pièce en 2005 (sous le titre "L’emmerdeur"), puis se casse la figure avec sa propre version cinématographique, en 2008.

FRANÇOIS PIGNON : Archétype du pauvre gars maladroit et naïf, mais, aussi, généreux et altruiste, il traverse l’œuvre de Francis Veber, tant au théâtre qu’au cinéma.

PIERRE AUCAIGNE : Né en 1960 à Barcelonnette. A ses études de droit, il préfère les feux de la rampe et commet son premier spectacle en 1980. Mais c’est en Belgique, sur le petit écran, qu’il perce véritablement dans la peau de Momo, l’imbécile heureux aux lunettes rafistolées avec du sparadrap. Il cartonne en solo avec "Changement de direction" puis "Cessez !" et s’éclate avec la troupe du Boulevard Romand. Il vit aujourd’hui à Neuchâtel.

REPÈRES - DOMINIQUE BOSSHARD

Pièce et scénario cultes signés par Francis Veber, "L’emmerdeur" s’apprête à faire des ravages dès demain sur la scène du théâtre du Passage, à Neuchâtel ! Un joli défi, que toute l’équipe du Boulevard romand est la première, chez les professionnels, à relever en Suisse romande. On retrouvera, donc, le fameux François Pignon, représentant de commerce suicidaire qui, tel un grain de sable, va enrayer l’arme du tueur à gages Ralph Milan... Pour endosser le rôle-titre et succéder, excusez du peu, à Jacques Brel et Patrick Timsit, le metteur en scène Antony Mettler a misé sur Pierre Aucaigne. Coup de fil à ce comédien qui vénère l’humour anglais en général et les Monty Python en particulier.

Avant de vous lancer dans cette aventure, aviez-vous vu les prestations des emmerdeurs qui vous ont précédé ?

J’avais vu le film avec Brel et Ventura, mais pas la version plus récente, avec Timsit et Berry. A partir de là, je connaissais donc complètement l’histoire. Ce film est marquant, il fait un peu partie de l’histoire du cinéma. C’est un gros pari de reprendre la pièce avec de telles interprétations pour référence. Dans notre travail avec Antony Mettler, nous avons essayé de nous en dégager, de tout réinventer. Le plus possible du moins, tout en restant pleinement dans l’histoire.

Quels sont, à vos yeux, les atouts majeurs de cette pièce ?

Elle se démarque des pièces de boulevard pur qu’on a eu l’occasion de présenter jusqu’ici au public. Depuis sept ans, nous puisons en effet dans un répertoire très particulier, nous avons joué principalement des pièces de Ray Cooney et de Robert Lamoureux. Cette pièce-ci est davantage orientée vers une histoire, une dramaturgie. Elle ménage des ruptures, des contrastes assez durs à jouer. C’est une pièce d’humeurs plus qu’une succession de gags. Elle est drôle, surtout, par rapport à la situation, avec ce parasite qui débarque dans la vie de l’autre sans ménagement et ne cesse d’interférer dans son travail.

Le metteur en scène a voulu, dit-il, débarrasser le jeu des excès de cabotinage...

Il nous a demandé, en effet, beaucoup de précision et de sincérité. Tout doit être sincère, on peut parler en cela de pièce cinématographique. Il faut vraiment que le spectateur ait l’impression d’être dans l’histoire. Devant ces deux types qui vivent dans une chambre d’hôtel et sont paumés chacun à leur tour, on devient un peu spectateur voyeur.

Nombreux sont les comiques qui rêvent d’un rôle sérieux, soi-disant gage de "respectabilité" ; c’est votre cas ?

Pas vraiment ; ce n’est pas mon fonds de commerce. Mais si un jour on me propose quelque chose d’intéressant, qui me corresponde, je n’y suis pas opposé. D’ailleurs, dans "L’emmerdeur", certaines scènes sont touchantes - sans que l’on tombe dans le drame et qu’on doive sortir les mouchoirs ! - et Antony a réussi à me pousser dans mes retranchements. Ces moments d’émotion sont intéressants à jouer et vont surprendre un petit peu ; mais c’est le but.